L'aviculture aménage le territoire L'aviculture aménage le territoire
Didier Goubil, éleveur et maire de Poullaouen, en Bretagne, plaide pour des emplois de proximité.
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« C' est impensable ! » « Voilà ce que m'a répondu Guillaume Garrot, ministre délégué à l'agroalimentaire. Je lui demandais de soutenir la reconstruction de la moitié de 1 million de mètres carrés de poulaillers que la Bretagne a perdus en dix ans. Pour lui, volaille égale déjections. Mais c'est anachronique en ces temps de chômage. Pour nous, aviculteurs, les volailles c'est une viande dont la demande mondiale augmente, bonne pour la santé et qui ne connaît aucun interdit religieux. Ces poulaillers qui ont disparu de nos communes aménageaient finement notre territoire. Des producteurs de volaille dans une commune, c'est un artisan qui travaille, un électricien et un mécanicien qui s'installent, des ramasseurs de poulets occupés. Des emplois de proximité non délocalisables. On laisse partir ce travail ailleurs et on abandonne un marché en croissance », rappelle Didier Goubil.
VARIABLE D'AJUSTEMENT
Ce quinquagénaire énergique est maire de la commune de Poullaouen, dans le Finistère (1). Il recense 78 sièges d'exploitations sur sa commune de 1 400 habitants, 127 exploitants et 50 salariés d'élevage. Lui-même est à la fois aviculteur et éleveur de bovins viande. « J'ai travaillé pour Doux puis pour Tilly-Sabco en poulet export. Il faut compter sept bandes de poussins par an, autant de séances de travail de ramassage de poulets, de nettoyage. En 2001, j'ai réinvesti 15 000 euros dans mes poulaillers pour livrer une volaille de 70 jours à la branche certifiée de Doux, à Laval. Quand il m'a demandé de revenir vers l'export, j'ai arrêté de travailler avec lui. Mes engagements professionnels et à la mairie ne me permettaient pas autant de présence. Aujourd'hui, j'alterne bandes de pintades et de poulets à cou nu. Je m'engage par bande auprès de deux entreprises. » Tout juste sorti d'une opération de la hanche, l'éleveur a préféré laisser pour six mois ses bâtiments vides. Il soigne ses 60 vaches limousines et cultive 60 hectares d'herbe. « Depuis le dépôt de bilan de Doux, certains aviculteurs se tâtent : en Bretagne centre, ce n'est pas impossible de trouver une vingtaine d'hectares et d'augmenter la production bovine. D'autres se disent qu'ils vont faire uniquement des céréales et sécher la récolte à plat dans leur poulailler. Tout dépend de l'âge de l'exploitant et de sa succession. Si je ne faisais plus de volaille et davantage de cultures et de bovins, je gagnerais pareil. Mais notre territoire y perdrait. »
MAÎTRISE DE LA QUALITÉ ET DE L'ENVIRONNEMENT
Didier Goubil craint que là où la volaille est une variable d'ajustement du revenu, elle ne disparaisse. « Avant, on finançait un nouveau bâtiment grâce aux deux autres qui étaient amortis. On a arrêté de construire. Cela ne facilitera pas le redémarrage de l'activité. Les ministres pensent régler le problème environnemental. Comme si le poulet importé ne polluait pas ! Plus il est produit en proximité, plus on maîtrise la qualité de la viande et l'environnement. Nos producteurs sont de plus en plus pointus techniquement. Il y a la méthanisation, collective ou non. Quant au poulet allemand que désormais on consomme en quantité, c'est acheter pas cher un poulet sans avantages sociaux vu le prix auquel sont payés les ouvriers de l'Est. »
(1) responsable avicole à la chambre régionale de Bretagne.
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